Mon parcours et mon approche du yoga

Je m'appelle Capucine, j'ai 36 ans et je suis professeure de yoga. Originaire de région parisienne, j'ai vécu 5 ans à Lille et 7 ans à Toulouse. Travailleuse sociale et médiatrice culturelle de formation, j'ai également travaillé sur l’organisation et la co-direction d’un festival et d’une association culturelle en région toulousaine. Professeure de Yoga depuis 2018, je suis installée à Champeix, dans le Puy de Dôme depuis août 2020.  

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Je pratique le yoga depuis plusieurs années et c’est après la naissance de mon premier enfant que j’ai commencé à me poser des questions sur ma vie professionnelle. De plus en plus passionnée par cette pratique, j’ai tout d’abord eu envie de suivre une formation pour approfondir mes connaissances et aller plus loin dans ma pratique personnelle. Je me suis alors inscrite à l’Ecole Nationale de Professeur de Yoga pour y suivre une formation de trois ans. Pour des raisons personnelles, j’ai ensuite décidé de quitter mon travail dans le milieu du spectacle vivant qui ne correspondait plus à ma vie de jeune maman en difficulté maternelle, et c’est quelques mois après la naissance de mon deuxième enfant que j’ai décidé de me lancer en tant que professeure de yoga.

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Après 4 années à enseigner le yoga à temps plein, d'abord dans un centre social puis dans différents studios, à domicile ainsi qu'en Ehpad, j'ai décidé, depuis janvier 2022 de reprendre mon activité dans le spectacle vivant, en tant que coordinatrice de réseaux. Je partage désormais mon temps entre ces deux activités. Très sensible à l'éducation populaire, puissant outil d'émancipation et de transformation sociale, elle infuse autant ma vie personnelle que mes activités professionnelles. 

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Ma vision du yoga n’est pas celle d’un outil au service d’un système patriarcal et capitaliste qui nous invite à être beau/belle, mince, valide et en bonne santé pour correspondre à une norme qui n’existe pas. Au service d’un système qui nous prie d’être heureux.se à tout prix et nous laisse penser que la cause de notre malheur viendrait de nous et non de lui. Le yoga est une manière pour moi d’habiter son corps. Car je suis convaincue qu’il est impossible d’habiter le monde sans habiter son corps. Et tous les corps comme ils sont ont leur place dans le monde. Habiter son corps pour habiter la société et éviter qu'elle nous habite complètement, pour restaurer un équilibre entre le vivant en nous et hors de nous. Mais aussi parce que s'aimer soi-même et aimer son corps dans une société qui nous invite au contraire depuis notre plus jeune âge, c'est important. 

Ma vision du yoga est politique car une société vivante est une société où les individus qui l’habitent sont vivants, où les corps sont sujets et non objets.

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Je suis très sensible à l’écologie. Je suis aussi féministe car je suis épuisée de vivre dans un système de domination, de compétition qui oppresse aussi bien les humain.e.s que la nature et les espèces vivantes qui l’habitent. Je suis une professeure de yoga en colère. Ce n’est pas incompatible. La vraie question que je me pose aujourd’hui est plutôt : comment ne pas l’être ? Je ne veux pas taire cette colère, elle est saine, elle me nourrit et me permet d’agir, à mon échelle pour changer le monde. Car il est bien question de ça aujourd’hui : changer le monde.

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Convaincue que tout est politique, il me semble primordial aujourd’hui de m’inscrire dans un projet collectif  et de proposer un yoga dont l’objectif ne sera pas forcément esthétique. Proposer un espace pour se connecter à soi et aux autres, se rencontrer soi-même pour mieux rencontrer l’autre. Je propose donc un yoga qui s’adresse à tout le monde, à tous les corps dans leur plus belle singularité, dans un esprit militant et engagé, au service de chacun.e ET du collectif. C’est bien l’individu qui fait le collectif et le collectif qui fait l’individu. Alors il nous faut prendre soin des deux car ils se nourrissent l’un de l’autre. 

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Mais loin de moi l'idée que le yoga est un remède miracle. Si on aime cette pratique, elle peut aider à apaiser un esprit agité. Elle peut aussi être un outil intéressant pour ressentir son corps de l'intérieur et créer une relation avec lui autrement que comme un objet destiné au regard des autres. Mais comme les autres pratiques de bien être individuelles, il n'a pas vocation à se substituer à des luttes collectives. Il ne doit pas non plus être une injonction à être heureux.se, à minimiser ou effacer nos émotions ou encore à sublimer la violence du monde dans lequel on vit. Et cette dimension est très importante dans mon approche du yoga.